Et si vous souffriez d'une hypothyroïdie cellulaire ?
Hypthyroïdie cellulaire : voilà le titre d’un post que j’ai vu passer sur Instagram et qui a attiré mon attention. Je me suis dit que j’allais approfondir le sujet, tant pour moi que mes consultants.
Je vous délivre quelques bribes de ma compréhension de la problématique : l’hypothyroïdie cellulaire est un terme qui fait référence à une condition dans laquelle les cellules de l’organisme présentent une résistance aux hormones thyroïdiennes, malgré des niveaux normaux ou élevés de ces hormones dans le sang. Cela signifie que même si la glande thyroïde produit suffisamment d’hormones thyroïdiennes, les cellules ne répondent pas correctement à ces hormones, ce qui peut entraîner des symptômes d’hypothyroïdie.
Concrètement cela signifie que vous prenez des hormones thyroïdiennes T4 (Levothyroxine – marques commerciales : Synthroid, Levoxyl, Tirosint) ou T3 (Liothyronine – marque commerciale : Cytomel) ou T4 + T3 (Euthyral) et que vous souffrez toujours de symptômes ! Ou même pire : votre supplémentation hormonale a augmenté vos symptômes !
Dernier point : vos résultats sanguins TSH, T3 et T4 sont normaux mais vous avez toujours vos symptômes.
Les causes de l’hypothyroïdie cellulaire
Les recherches sur l’hypothyroïdie cellulaire sont encore relativement limitées, mais certaines études ont exploré cette condition et ses implications cliniques. Voici quelques points clés que j’ai pu retenir :
➜ Causes possibles: elles ne sont pas complètement comprises ! Mais des facteurs génétiques, environnementaux et métaboliques pourraient jouer un rôle. Des anomalies au niveau des récepteurs des hormones thyroïdiennes ou des enzymes impliquées dans le métabolisme des hormones thyroïdiennes pourraient contribuer à cette condition. Plus spécifiquement, cette hypothyroïdie est causée par l’augmentation de la sécrétion d’une enzyme appelée l’iodothyronine désiodase 3 (D3) (1), dont le rôle principal est la désactivation des hormones T4 et T3 au sein de la cellule. Et vous pouvez en souffrir même si votre thyroïde fonctionne correctement et qu’il y a une bonne conversion de vos hormones T4 en T3.
➜ Symptômes: ils peuvent être similaires à ceux de l’hypothyroïdie classique, tels que la fatigue, la prise de poids, la constipation, la peau sèche, les cheveux fragiles, la sensibilité au froid, les troubles du sommeil et la dépression. Cependant, puisque les niveaux d’hormones thyroïdiennes dans le sang peuvent être normaux ou élevés, le diagnostic peut être plus difficile.
➜ Diagnostic : il peut être complexe et nécessite souvent des tests supplémentaires pour évaluer la réponse des tissus aux hormones thyroïdiennes. Des tests tels que le dosage des hormones thyroïdiennes dans le sang, l’échographie de la glande thyroïde et des tests de la fonction thyroïdienne peuvent être utilisés pour évaluer la fonction thyroïdienne. Dans tous les cas un suivi par un endocrinologue est nécessaire.
➜ Traitement : il peut être similaire à celui de l’hypothyroïdie classique, avec l’administration d’hormones thyroïdiennes synthétiques pour compenser le manque de réponse des tissus aux hormones naturelles. Cependant, le traitement optimal peut varier d’un individu à l’autre et nécessiter une surveillance étroite de la part d’un médecin.
Quelles sont les causes de l’augmentation de l’enzyme iodothyronine désiodase 3 ?
On retient à priori deux causes principales :
- Le stress intra-cellulaire (2) provoqué par exemple par des bactéries, virus, métaux lourds, mycotoxine, stress oxydatif, toxicité émotionnelle, carences nutritionnelles…
Le stress intracellulaire est un phénomène qui se produit au niveau des cellules lorsque celles-ci sont soumises à des conditions de stress, telles que des dommages oxydatifs, des fluctuations du pH, des perturbations du métabolisme cellulaire ou des agressions externes telles que les toxines ou les infections. Ce stress peut entraîner des dysfonctionnements cellulaires, des dommages à l’ADN, des altérations des protéines et une activation de réponses cellulaires de défense, telles que le stress oxydatif, l’inflammation et l’apoptose (mort cellulaire programmée). Ces perturbations peuvent avoir de nombreuses implications pour la santé, et contribuent clairement au développement de maladies telles que le cancer, les maladies neurodégénératives, les maladies cardiovasculaires, les maladies métaboliques et les maladies auto-immunes. Ce stress intracellulaire peut également affecter le fonctionnement des organes et des systèmes dans leur ensemble, et compromet la santé globale de l’organisme.
- L’hypoxie cellulaire (3) qui se produit lorsque les cellules ne reçoivent pas suffisamment d’oxygène pour maintenir leurs fonctions vitales. Ce phénomène peut résulter d’une diminution de la disponibilité d’oxygène dans le sang, souvent causée par des problèmes respiratoires, des troubles cardiovasculaires ou des altitudes élevées. On note aussi la pollution, les inflammations, le covid long, le stress, le manque de mouvement …Lorsque les cellules sont privées d’oxygène, leur métabolisme cellulaire est perturbé, ce qui peut entraîner une accumulation de produits métaboliques toxiques, une altération de la production d’énergie, une dysfonction mitochondriale et des dommages cellulaires. L’hypoxie cellulaire est associée à un large éventail de conditions pathologiques, notamment les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux, les maladies pulmonaires, les troubles du sommeil, les lésions cérébrales traumatiques, les maladies neurodégénératives et les maladies cancéreuses. L’hypoxie cellulaire peut également déclencher des réponses cellulaires adaptatives (hypertrophie cardiaque, néovascularisation, angiogenèse et activation de facteurs de transcription hypoxiques tels que le facteur inductible par l’hypoxie (HIF-1)), qui peuvent avoir des conséquences à la fois bénéfiques et néfastes sur la santé, en fonction du contexte pathologique.
Que mettre en place naturellement ?
Après ces quelques explications scientifiques vous me direz: « Ok, mais concrètement je fais quoi ? ». La première chose qui fera vraiment la différence: une attention particulière quant à son alimentation. Il est nécessaire de s’alimenter en privilégiant les aliments contenants les vitamines et minéraux co-facteurs du fonctionnement de notre petit papillon. Quels sont les co-facteurs ?
➜ L’iode : un composant essentiel des hormones thyroïdiennes (T3 et T4). Il est nécessaire à la synthèse des hormones thyroïdiennes dans la glande thyroïde. Où trouver de l’iode dans l’alimentation ? Poissons et fruits de mer : en particulier les moules, les palourdes, les crevettes et les poissons gras comme le thon, le saumon et le maquereau, sont riches en iode. Produits laitiers : le lait, le fromage et le yaourt peuvent également contenir des quantités significatives d’iode, en particulier si les vaches ont été nourries avec des aliments enrichis en iode. Oeufs : ils peuvent contenir de petites quantités d’iode, en fonction de l’alimentation des poules. Fruits et légumes : tels que les pommes de terre, les haricots verts, les épinards et les fraises, peuvent contenir des niveaux modérés d’iode, bien que la teneur puisse varier en fonction du sol dans lequel ils ont été cultivés. Sel iodé : c’est une source artificielle courante d’iode dans de nombreuses régions du monde, utilisé pour enrichir l’alimentation en iode. NB: réaliser une iodurie 24h est primordiale pour vérifier ses carences éventuelles avant d’envisager une supplémentation autre.
➜ Le sélénium : c’est un cofacteur crucial pour la conversion de la thyroxine (T4) en triiodothyronine (T3), la forme active de l’hormone thyroïdienne. Il est également impliqué dans la protection des cellules thyroïdiennes contre les dommages oxydatifs. Où le trouver dans l’alimentation ? Les noix du Brésil, poissons et fruits de mer, viandes maigres (dinde, poulet), œufs, grains entiers (avoine, riz brun), légumes (champignons, épinards, brocolis).
➜ Le zinc : il est nécessaire à la synthèse des hormones thyroïdiennes et à leur transport dans tout l’organisme. Il est également impliqué dans la régulation de la fonction thyroïdienne. Quels sont les aliments qui en contiennent le plus ? Les viandes rouges (bœuf, agneau), volailles, fruits de mer, graines de courges, légumineuses : lentilles, pois chiches, haricots.
➜ Le fer : il est nécessaire à la production d’hémoglobine, qui transporte l’iode dans la glande thyroïde pour la synthèse des hormones thyroïdiennes. Aliments qui contiennent le plus de fer : abats, viande rouge, volaille, fruits de mer, légumineuses, tofu et tempeh, graines et noix, légumes à feuilles vertes.
➜ La vitamine D : elle joue un rôle dans la régulation du système immunitaire et peut influencer la fonction thyroïdienne. Des niveaux adéquats de vitamine D peuvent être importants pour maintenir une fonction thyroïdienne optimale. Où trouver de la vitamine D dans nos aliments ? Poissons gras, foie de morue, huile de foie de morue, jau d’œufs, produits laitiers enrichis, céréales enrichies, champignons (certains champignons, comme les champignons portobello, sont capables de synthétiser de la vitamine D lorsqu’ils sont exposés à la lumière du soleil). Et bien évidemment l’exposition au soleil !
➜ Vitamines B : les vitamines B, en particulier la vitamine B12 et la vitamine B6, sont impliquées dans la régulation du métabolisme thyroïdien et peuvent être importantes pour la santé globale de la glande thyroïde. On les retrouve dans les aliments suivants: viandes, poissons, fruits de mer, produits laitiers (B12), levure nutritionnelle (B12), légumineuses (B6), bananes (B6), grains entiers: son de blé, riz brun, quinoa, avoine (B6).
La compréhension de l’hypothyroïdie cellulaire est encore en évolution, et des recherches supplémentaires sont nécessaires pour élucider les mécanismes sous-jacents de cette condition et identifier les meilleures stratégies de diagnostic et de traitement. En attendant, cela peut donner une piste de recherche aux personnes qui continuent de souffrir de leurs symptômes (4) malgré leur traitement hormonal !
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