Coleus forskohlii et thyroïde
Une alliance méconnue pour le métabolisme
Je vous propose aujourd’hui un article un peu plus scientifique sur les effets du Coleus forskohlii sur la thyroïde. Bien que je n’aie pas encore eu l’opportunité de travailler directement avec cette plante, et que je n’aie donc pas de retours de terrain à partager, je me suis plongée dans une revue de la littérature scientifique.
Après avoir croisé à plusieurs reprises des écrits indiquant que cette plante pourrait être utile dans le cadre des troubles thyroïdiens, j’ai entrepris de faire un état des lieux des connaissances disponibles sur PubMed. À travers cette exploration, j’ai cherché à comprendre les mécanismes sous-jacents, en remontant jusqu’à la composition biochimique du Coleus forskohlii pour mieux appréhender ses effets potentiels sur la glande thyroïde.
Botanique et composition du Coleus forskohlii
Dans l’univers foisonnant des plantes médicinales et des Coleus (oui il en existe vraiment beaucoup !), le Coleus forskohlii, ou Plectranthus barbatus, se distingue par son histoire et son potentiel thérapeutique. Originaire d’Inde et des régions subtropicales d’Asie, cette plante vivace de la famille des Lamiacées se pare de feuilles dentelées, d’un parfum aromatique et de délicates fleurs violettes. Longtemps employé en médecine ayurvédique, ce végétal recèle dans ses tubercules un trésor biochimique : la forskoline.
Je suis allée fouiner sur whikiphyto et wikipedia au sujet de cette molécule : la forskoline (C22H34O7) est un diterpène labdanique, dont la structure moléculaire lui confère une affinité unique avec certaines voies métaboliques essentielles. Son action principale repose sur l’activation directe de l’adénylate cyclase, une enzyme clé dans la production de l’adénosine monophosphate cyclique (AMPc). Or, l’AMPc est un second messager central dans l’équilibre hormonal, et notamment dans la modulation de l’activité thyroïdienne.
Si je traduis en langage courant ce verbiage scientifique : c’est un peu comme une clé spéciale qui aide certaines parties de notre corps à fonctionner correctement. Cette clé active une petite machine dans notre corps, appelée « adénylate cyclase », qui aide à fabriquer une sorte de messager, l’AMPc. Ce messager joue un rôle important pour aider notre corps à réguler les hormones, notamment celles qui contrôlent le fonctionnement de la thyroïde, glande qui aide à réguler notre énergie et notre métabolisme.
Une stimulation directe de la fonction thyroïdienne
La thyroïde – on le répète encore et encore – orchestre le métabolisme avec une rigueur inégalée. La TSH (hormone thyréotrope), sécrétée par l’hypophyse, agit en stimulant la synthèse des hormones thyroïdiennes T3 et T4. Ce mécanisme repose en partie sur l’activation de l’adénylate cyclase et la production d’AMPc. C’est ici que la forskoline entre en scène.
L’étude de Kasai et al. (1985) que vous retrouverez en références, a démontré que la forskoline stimule directement l’adénylate cyclase dans les membranes thyroïdiennes humaines, et entraîne une augmentation de l’AMPc intracellulaire. Ce phénomène pourrait renforcer la libération des hormones thyroïdiennes, et optimiser ainsi le métabolisme énergétique.
Par ailleurs, dans une autre étude, Ealey et al. (1985) ont mis en évidence l’activation d’une enzyme spécifique, la naphthylamidase, dans la thyroïde de cobayes (#StopExpérimentationAnimale) sous l’effet de la forskoline. Cette enzyme joue un rôle clé dans le métabolisme thyroïdien et son activation suggère un impact potentiel de la forskoline sur la production hormonale.
Des effets modulés par le contexte biologique
Après mes différentes lectures j’en suis arrivée à la conclusion que si la forskoline stimule indéniablement la production d’AMPc, son influence sur la sécrétion des hormones thyroïdiennes reste nuancée. Théoriquement cela peut accroître l’activité des enzymes thyroïdiennes comme la thyroperoxydase (TPO), favoriser la captation de l’iode, et donc soutenir la production de T3/T4. La plupart des études ont rapporté une augmentation des hormones thyroïdiennes sous l’effet de la forskoline, mais cette stimulation semble dépendante du contexte biologique et des niveaux hormonaux préexistants.
Car les chercheurs ont également observé une modulation de l’activité thyroïdienne variant selon les conditions expérimentales et nuancent donc leurs conclusions. Ils soulignent que si l’augmentation de l’AMPc est bien documentée, son impact direct sur la production hormonale thyroïdienne demande encore à être confirmé par des études cliniques plus approfondies.
Un potentiel thérapeutique pour le métabolisme et l’équilibre hormonal
L’activation de l’AMPc par la forskoline dépasse le cadre strict de la thyroïde. En favorisant la lipolyse (Litosch et al., 1982), elle pourrait soutenir les processus métaboliques et énergétiques en cas d’hypothyroïdie. En parallèle, son rôle dans la régulation des enzymes thyroïdiennes et dans la stimulation de l’AMPc ouvre la voie à une potentielle application dans le traitement de certains déséquilibres hormonaux, en particulier ceux liés à une hypothyroïdie, et possiblement — selon les données disponibles — à des altérations du métabolisme surrénalien ou de la stéroïdogenèse ovarienne, tels qu’observés dans des troubles comme le syndrome prémenstruel ou la fatigue chronique.
Enfin, la biotechnologie s’intéresse de près à la production de forskoline pour répondre à la demande croissante de l’industrie pharmaceutique et nutraceutique (Roshni & Rekha, 2024). Cette tendance suggère un intérêt grandissant pour les applications médicales de cette molécule.
Conclusion : Coleus forskohlii, un levier métabolique à explorer
Le Coleus forskohlii, par son principe actif phare, la forskoline, joue un rôle indéniable dans la régulation de l’AMPc, un messager fondamental de l’équilibre thyroïdien et métabolique. Si son impact direct sur la production d’hormones thyroïdiennes reste sujet à débat, les études convergent vers une influence notable sur les mécanismes enzymatiques et la stimulation thyroïdienne.
Une plante à suivre de près, pour celles et ceux qui cherchent à soutenir leur métabolisme naturellement, tout en restant prudents quant à son utilisation dans un cadre thérapeutique spécifique. Comme toujours, la nature nous offre des clés précieuses, à nous de les manier avec discernement !
Vous retrouvez le Coleus forskohlii dans la plupart des herboristeries et revendeurs de plantes ayurvédiques, sous forme de gélules ou de poudre.
Dosage recommandé :
Pour obtenir une action notable sur la thyroïde, les recommandations varient légèrement selon les laboratoires revendeurs, en sachant que je n’ai pas trouvé d’études indiquant un dosage optimum pour la thyroïde (vous pouvez m’écrire par mail si vous avez les infos, afin que je complète mon article avec des sources sérieuses) :
- Extrait standardisé à 10% de forskoline :
- 200 à 500 mg par jour, répartis en deux prises.
- Extrait standardisé à 20% de forskoline :
- 250 mg par jour, soit 125 mg deux fois par jour.
Ces dosages correspondent à un apport quotidien de 20 à 50 mg de forskoline.
Précautions : En cas d’ulcères (car la forskoline peut augmenter les niveaux d’acide gastrique), d’hypotension (en raison de ses effets hypotenseurs) et de troubles de la coagulation ou de prise de médicaments anticoagulants (en raison de son effet sur l’agrégation plaquettaire). Hyperthyroïdie : Puisque la forskoline stimule l’AMPc et peut influencer la production des hormones thyroïdiennes, son utilisation pourrait aggraver une hyperthyroïdie existante.
Pour rappel : je ne suis ni médecin, ni pharmacien. Un conseil en naturopathie et phytothérapie ne remplace pas un avis médical. Ces données sont partagées à titre informatif. Toute supplémentation doit être envisagée avec l’accord de votre médecin.
Vous pouvez télécharger mon PDF gratuit sur les troubles thyroïdiens ici.
Références Coleus forskohlii
Plectranthus barbatus — Wikipédia
Litosch I, Hudson TH, Mills I, Li SY, Fain JN. Forskolin as an activator of cyclic AMP accumulation and lipolysis in rat adipocytes. Mol Pharmacol. 1982 Jul;22(1):109-15. PMID: 6289066.
Kasai K, Suzuki Y, Hiraiwa M, Kuroda H, Emoto T, Nakamura T, Shimoda S. Forskolin stimulation of adenylate cyclase in human thyroid membranes. Acta Endocrinol (Copenh). 1985 Feb;108(2):200-5. doi: 10.1530/acta.0.1080200. PMID: 4038568.
Ealey PA, Kohn LD, Marshall NJ, Ekins RP. Forskolin stimulation of naphthylamidase in guinea pig thyroid sections detected with a cytochemical bioassay. Acta Endocrinol (Copenh). 1985 Mar;108(3):367-71. doi: 10.1530/acta.0.1080367. PMID: 2984870.
Roshni PT, Rekha PD. Biotechnological interventions for the production of forskolin, an active compound from the medicinal plant, Coleus forskohlii. Physiol Mol Biol Plants. 2024 Feb;30(2):213-226. doi: 10.1007/s12298-024-01426-9. Epub 2024 Mar 12. PMID: 38623169; PMCID: PMC11016037.
Alasbahi RH, Melzig MF. Forskolin and derivatives as tools for studying the role of cAMP. Pharmazie. 2012 Jan;67(1):5-13. PMID: 22393824.
Alasbahi RH, Melzig MF. Plectranthus barbatus: a review of phytochemistry, ethnobotanical uses and pharmacology – Part 1. Planta Med. 2010 May;76(7):653-61. doi: 10.1055/s-0029-1240898. Epub 2010 Feb 22. PMID: 20178070.
Alasbahi RH, Melzig MF. Plectranthus barbatus: a review of phytochemistry, ethnobotanical uses and pharmacology – part 2. Planta Med. 2010 May;76(8):753-65. doi: 10.1055/s-0029-1240919. Epub 2010 Feb 25. PMID: 20186655.

