La détoxification hépatique
La base du « soin de support » en oncologie
En pleine lecture du dernier ouvrage du Docteur Jean-Loup Mouysset, à savoir Oncologie intégrative. Du cancer vers la santé. Base pour une approche non médicamenteuse en complément des traitements conventionnels du cancer, son focus sur l’importance de la détoxification hépatique pendant et après les traitements m’amène à vous parler plus globalement de l’importance des soins de support phytothérapeutique et micronutritionnel lors de la prise en charge des traitements anticancéreux.
Le foie : cet organe à chouchouter pour la détoxification hépatique
Le foie est l’un des organes les plus essentiels du corps humain, remplissant une multitude de fonctions vitales pour maintenir notre santé et notre bien-être. C’est d’ailleurs le seul organe qui « repousse » ! Parmi ses rôles les plus remarquables, celui de détoxification occupe une place centrale. Analysons plus en détail le rôle de notre foie pas à pas (et de manière simple s’il-vous-plait !)…
➜1. Le foie agit comme une usine de traitement chimique du corps. Il joue un rôle majeur dans le métabolisme des substances, qu’elles soient d’origine alimentaire, médicamenteuse ou environnementale. Lorsque nous ingérons des aliments, notre système digestif les décompose en éléments plus simples, dont beaucoup sont absorbés dans le sang et transportés vers le foie. C’est là que la magie opère !
➜2. Le foie est équipé d’une variété d’enzymes spécialisées qui décomposent les substances nocives ou inutiles présentes dans notre système. Ces substances peuvent provenir de diverses sources : médicaments, produits chimiques, toxines environnementales et même les déchets métaboliques produits naturellement par notre propre corps. Une fois que ces substances ont été décomposées, le foie les transforme en produits moins toxiques ou les élimine complètement de notre corps. La détoxification hépatique agit concrètement en 3 phases : l’activation (phase 1), la détoxication (phase 2) et l’élimination (phase 3). On précisera tout de même que les deux premières phases sont assurées par le foie, mais que c’est la vessie et les intestins qui réalisent bien évidemment la phase d’élimination.
➜3. L’une des voies les plus importantes par lesquelles le foie élimine les toxines est le processus de biotransformation. Dans ce processus, les substances toxiques sont converties en composés moins nocifs et plus facilement excrétés par les reins (concrètement la vessie) ou le tractus intestinal (via les selles). Cette transformation chimique est réalisée en plusieurs étapes, impliquant différentes enzymes hépatiques, notamment les (fameux !) cytochromes P450. Ces enzymes sont responsables de la conversion des substances toxiques en métabolites moins actifs, qui peuvent être facilement éliminés du corps !
➜4. De plus, le foie joue un rôle crucial dans l’élimination des déchets métaboliques résultant de la dégradation des protéines, des glucides et des graisses. Par exemple, il convertit l’ammoniac, un produit toxique du métabolisme des protéines, en urée, qui est ensuite excrétée par les reins sous forme d’urine. De même, le foie décompose les acides gras en sous-produits utilisables pour produire de l’énergie ou les stocker sous forme de glycogène ou de triglycérides.
➜5. En outre, le foie agit comme un filtre pour le sang, éliminant les toxines, les bactéries et les débris cellulaires avant que le sang ne soit redistribué dans le corps. Il joue également un rôle clé dans la régulation des niveaux de glucose dans le sang en stockant le glucose sous forme de glycogène ou en le libérant dans le sang selon les besoins du corps.
Bref : l’organe essentiel à chouchouter en somme ! Car malgré sa capacité remarquable à détoxifier le corps, le foie peut être surchargé par une exposition excessive à toutes sortes de substances toxiques : alcool, médicaments, produits chimiques environnementaux, toxines présentes dans les aliments transformés… Une surcharge prolongée peut entraîner des dommages hépatiques, tels que l’inflammation, la stéatose hépatique (foie gras), voire une cirrhose… mais occupons-nous aujourd’hui de la surcharge médicamenteuse malheureusement présente pendant les traitements.
Le soutien du foie pendant et après les traitements : une réalité pour réduire les effets secondaires
J’entends souvent dire que l’on ne peut « rien faire » pendant les traitements (chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie etc…). Alors il y a une part de vrai car des précautions sont à prendre (en particulier avec les antioxydants), mais cette affirmation est de plus en plus contredite par les oncologues qui s’intéressent à une prise en charge intégrative de leurs patients. Clairement, lors d’un traitement, nous allons soumettre notre organisme et notre foie à rude épreuve via une surcharge médicamenteuse intense (mais nécessaire) qui vont impacter la fonction hépatique : lésions, altération de la fonction même du foie et perturbation du métabolisme des médicaments (qui peuvent du coup rester trop longtemps dans l’organisme et causer des dommages plus importants et des effets secondaires beaucoup plus longs, mais aussi les médicaments peuvent être évacués trop vite avec un foie qui métabolise mal : ici les médicaments ne seront donc pas aussi efficaces). Il faut donc optimiser l’action du foie pour ne pas compromettre sa capacité à détoxifier efficacement le corps. L’accumulation de toxines et de déchets métaboliques aggrave clairement les effets secondaires des traitements et compromet le bien-être général de la personne.
Soutenir la détoxification hépatique pendant les traitements anticancéreux est donc devenu une stratégie importante. Alors on va lire tout et son contraire et il est très compliqué de faire le tri dans la jungle des recommandations naturelles en cancérologie. Des approches complémentaires avec les plantes et certains suppléments en vitamines et minéraux sont aujourd’hui incontournables pour une chimiothérapie ou un traitement hormonal efficace, néanmoins les conseils qui pourraient vous être donnés doivent l’être en accord avec votre oncologue et en adéquation avec votre traitement, vos antécédents médicaux et votre parcours de vie. Vous l’aurez compris : c’est au cas par cas ! Je vous renvoie d’ailleurs à l’ouvrage de Jean-Loup Mouysset dont je vous parlais en introduction (et que je suis en train de dévorer !), qui est une bible de connaissances théoriques et empiriques, avec de vrais retours de terrain d’accompagnement de patients depuis de nombreuses années.
Ici j’affirme une chose : oui il est possible de réduire les effets secondaires des traitements anticancéreux grâce à certaines plantes, certaines vitamines et certains minéraux, sous contrôle de son médecin. Cela n’est pas du charlatanisme : cela s’appelle du « soin de support ». Ce soin de support permet indéniablement de mieux supporter les traitements, de les optimiser et de viser un rétablissement plus rapide et plus optimal.
2 plantes et 2 micronutriments qui ont fait leur preuve dans la détoxification hépatique
➜1. Desmodium adscendens
Le Desmodium est reconnu pour son effet hépatoprotecteur grâce à ses saponosides triterpénoïdes. Originaire d’Afrique de l’Ouest, il est utilisé traditionnellement pour traiter diverses affections hépatiques, notamment l’hépatite virale. Découvert dans les années 1960 par le Dr Pierre Tubéry, il a été introduit en France sous forme d’extrait fluide appelé Desmopar. Des études cliniques ont confirmé son efficacité dans le renouvellement cellulaire hépatique et son action protectrice contre le stress oxydatif. De plus, il possède des propriétés néphroprotectrices, anti-inflammatoires et antispasmodiques, utiles pendant les traitements. Aucune toxicité avérée n’a été signalée, et il interagit peu avec les cytochromes P450 . Il peut être utilisé sous forme de gélules ou d’EPS liquide, avec des doses recommandées pour chaque modalité d’utilisation.
➜2. Curcuma longa
Le Curcuma est reconnu pour ses propriétés hépatoprotectrices, activant les systèmes enzymatiques antioxydants en cas d’agression hépatique. Outre ses bienfaits sur la digestion et la bile, il est utilisé pour traiter diverses affections hépatiques telles que l’inflammation du foie, l’hépatite et la jaunisse. En médecine ayurvédique, il est employé depuis des millénaires pour ses propriétés anti-inflammatoires. La curcumine, principal composé actif du curcuma, joue un rôle majeur dans la prévention et le traitement du cancer, notamment en inhibant la prolifération des cellules cancéreuses, l’angiogenèse et la formation de métastases. Elle diminue également les changements génétiques dans les cellules cancéreuses. Cependant, des précautions d’utilisation sont nécessaires en raison des interactions potentielles avec certains médicaments. La sécurité d’emploi de la curcumine a été démontrée jusqu’à des doses de 12g/jour. Son association avec certains traitements anticancéreux peut être bénéfique, mais doit être supervisée par un professionnel de santé.
➜3. Vitamine D
La vitamine D joue un rôle crucial dans la détoxification hépatique en contribuant à la régulation de divers processus métaboliques et de défense de l’organisme. Les récepteurs de la vitamine D sont largement présents dans le foie, ce qui suggère son importance dans les fonctions hépatiques. En tant que modulateur du système immunitaire, la vitamine D aide à réduire l’inflammation et à protéger le foie contre les dommages oxydatifs et inflammatoires. De plus, elle favorise la synthèse et la régulation des enzymes impliquées dans les voies de détoxification hépatique, telles que le cytochrome P450 et les enzymes du glutathion. La vitamine D exerce également une influence sur la composition de la flore intestinale, ce qui peut indirectement affecter la fonction hépatique. Des niveaux adéquats de vitamine D favorisent la croissance de bactéries bénéfiques dans l’intestin, et contribuent ainsi à maintenir un microbiote intestinal équilibré. Cette régulation de la flore intestinale est importante car une altération de celle-ci peut entraîner une dysbiose, favorisant l’accumulation de toxines dans l’organisme et exerçant une charge supplémentaire sur le foie. De plus, la vitamine D joue un rôle dans la modulation de la réponse inflammatoire intestinale, ce qui peut également avoir un impact sur la santé hépatique en réduisant le risque d’inflammation chronique du foie.
➜4. Magnésium
Le magnésium joue un rôle essentiel dans la détoxification hépatique en agissant comme cofacteur pour de nombreuses enzymes impliquées dans les voies de détoxification du foie. En tant que minéral crucial pour plus de 300 réactions enzymatiques dans le corps, il est nécessaire à la synthèse du glutathion, un puissant antioxydant produit par le foie. Le glutathion est essentiel pour neutraliser les toxines, les métaux lourds et les substances nocives qui peuvent s’accumuler dans l’organisme. De plus, le magnésium participe à la régulation du métabolisme des radicaux libres et à la production d’énergie dans les cellules hépatiques. Une carence en magnésium peut compromettre ces processus de détoxification hépatique, augmentant potentiellement le risque d’accumulation de toxines et de dommages oxydatifs dans le foie.
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