Vitamine D et thyroïde
Les bénéfices d'un apport quotidien dans les troubles thyroïdiens
J’entends encore (trop) souvent que doser sa vitamine D ou en prendre en cas de troubles thyroïdiens ne servirait à rien… Inutile, vraiment ? (Insérer ici un regard au ciel et un soupir appuyé 😅). Alors, entre deux bouffées d’air chaud en pleine canicule – non, je ne m’ennuyais pas tant que ça, promis – j’ai eu envie de creuser un peu le sujet. Résultat : une plongée dans la littérature scientifique pour explorer les interactions entre vitamine D et thyroïde, notamment dans les troubles à composante auto-immune.
Toutes les études scientifiques que j’ai dégôtées offrent de solides arguments et des explications détaillées sur le rôle bénéfique de la vitamine D dans les problématiques thyroïdiennes, en particulier la thyroïdite d’Hashimoto. La vitamine D agit comme un puissant immunomodulateur, influençant à la fois les réponses immunitaires innées et adaptatives. Elle contribue à réduire les auto-anticorps thyroïdiens et à améliorer le contrôle de la fonction thyroïdienne (notamment la TSH), tout en présentant un profil de sécurité favorable.
Jetons donc un œil éclairé sur les arguments en faveur de cette supplémentation en vitamine D. Et rassurez-vous : nul besoin de dégainer votre manuel de biologie entre deux baignades – j’ai pris soin de simplifier et vulgariser au maximum les résultats des différentes études, que vous retrouverez en référence à la fin de cet article.
I. Les promesses de la vitamine D pour votre thyroïde
- Elle calme les « soldats rebelles » (réduction des auto-anticorps)
Dans des maladies auto-immunes comme la thyroïdite d’Hashimoto, le corps produit des auto-anticorps, comme les anti-TPO et les anti-Tg, qui visent à détruire les cellules de la thyroïde. Imaginez ces anticorps comme des flèches lancées contre votre propre forteresse.
Plusieurs études et méta-analyses ont montré qu’une supplémentation en vitamine D peut entraîner une réduction significative de ces « flèches » (titres d’anticorps anti-TPO et/ou anti-Tg). Cette diminution a été observée même chez des personnes dont les niveaux initiaux de vitamine D étaient déjà normaux. C’est un signe que la vitamine D ne fait pas que combler une carence, elle agit activement sur la régulation immunitaire.
De nombreuses recherches ont même établi une corrélation inverse : plus les niveaux de vitamine D sont élevés, plus les niveaux d’anticorps sont bas.
- Elle aide le « chef d’orchestre » (Amélioration potentielle de la fonction thyroïdienne)
La TSH est l’hormone envoyée par le cerveau pour dire à la thyroïde de travailler davantage. Des niveaux élevés de TSH indiquent souvent une thyroïde paresseuse (hypothyroïdie).
Des études ont montré une réduction significative des niveaux de TSH chez les patients supplémentés en vitamine D, suggérant un meilleur contrôle de la fonction thyroïdienne. C’est comme si la vitamine D aidait le chef d’orchestre à trouver le bon rythme.
Certaines analyses rapportent même une augmentation des niveaux d’hormones thyroïdiennes actives (FT3 et FT4). Il est aussi spéculé que la vitamine D pourrait potentiellement ralentir la progression vers l’hypothyroïdie manifeste ou retarder le début d’un traitement par lévothyroxine.
- Un « bouclier » immunomodulateur général
La vitamine D est reconnue pour sa capacité à moduler l’ensemble du système immunitaire, favorisant ce que l’on appelle la tolérance immunitaire et réduisant le risque de développer des maladies auto-immunes. Elle peut spécifiquement prévenir la destruction auto-immune des cellules thyroïdiennes.
- Sûre et pratique
Les études n’ont pas rapporté d’effets indésirables cliniquement importants avec la supplémentation en vitamine D, même à différentes doses. C’est une approche sûre et économique pour soutenir la fonction thyroïdienne et potentiellement protéger contre le développement des maladies auto-immunes de la thyroïde.
II. Les mécanismes d’action : comment la vitamine D agit-elle ?
Pour comprendre l’impact de la vitamine D, imaginons notre corps comme un immense réseau d’interrupteurs et de capteurs.
- Les « serrures » cellulaires (récepteurs de la vitamine D ou VDR)
La vitamine D ne travaille pas au hasard. Elle se lie à des « serrures » spécifiques appelées récepteurs de la vitamine D (VDR), présentes sur presque toutes les cellules de notre corps, y compris nos cellules immunitaires (lymphocytes T et B, macrophages, cellules dendritiques).
Lorsque la vitamine D se loge dans ces serrures, elle active un système complexe qui modifie l’expression de nombreux gènes. C’est comme un « chef de chantier » qui donne des instructions pour la construction ou la réparation des tissus.
- La vitamine D, « pompier de l’inflammation » (Immunité innée)
L’immunité innée est notre première ligne de défense, comme les remparts d’un château. La vitamine D agit ici comme un « pompier » qui aide à maîtriser les incendies inflammatoires.
Elle renforce les « patrouilles » (macrophages), améliorant leur capacité à repérer et à éliminer les intrus.
Elle stimule la production de « boucliers protecteurs » (peptides antimicrobiens) comme la cathélicidine et la β-défensine, qui aident à combattre les bactéries et les virus.
Elle augmente les « messages de paix » (cytokines anti-inflammatoires) comme l’interleukine (IL)-4 et l’IL-10, tout en diminuant les « messages de guerre » (cytokines inflammatoires) telles que l’IL-1, IL-2, IL-6, IL-8, IL-12, et l’interféron gamma (IFN-γ).
Elle modifie la maturation des « sentinelles » (cellules dendritiques), les rendant moins agressives pour présenter les antigènes et activer une réponse immunitaire excessive, favorisant ainsi un état de tolérance.
- La vitamine D, « aiguilleur du trafic immunitaire » (Immunité adaptative)
L’immunité adaptative est la force spéciale de notre corps, capable de se souvenir des ennemis. Dans les maladies auto-immunes, cette force se trompe de cible. La vitamine D agit comme un « aiguilleur du trafic » pour remettre les choses en ordre.
Lymphocytes T : Elle influence la maturation des lymphocytes T (CD4+), favorisant un équilibre plus pacifique entre les cellules Th1 (pro-inflammatoires, destructrices) et Th2 (anti-inflammatoires). Elle réduit la formation des cellules Th17 (souvent impliquées dans l’auto-immunité) et favorise la production de cellules T régulatrices (Tregs), qui sont les « négociateurs de paix » du système immunitaire, capables de freiner les réponses auto-immunes. Elle contribue ainsi à restaurer le rapport Th17/Treg, souvent déséquilibré dans l’auto-immunité.
Lymphocytes B : Ces cellules sont les « usines à anticorps » de notre corps. La vitamine D a un impact sur leur fonctionnement : elle réduit l’activation et la prolifération des lymphocytes B, et diminue leur capacité à produire des auto-anticorps (IgG et IgM). C’est important car ces auto-anticorps jouent un rôle majeur dans l’attaque de la thyroïde.
- Effets spécifiques sur la thyroïde
La vitamine D peut réduire l’expression de certaines molécules (MHC-II) sur les cellules de la thyroïde, ce qui les rend moins « visibles » aux lymphocytes T auto-réactifs, prévenant ainsi leur activation.
Dans des modèles animaux 😢, la vitamine D active peut protéger le tissu thyroïdien des dommages structurels.
III. Ce qu’il faut retenir et les nuances
Bien que les preuves soient encourageantes, il est important d’être nuancé :
Forme et durée de la supplémentation :
La vitamine D hormonalement active (calcitriol) pourrait être plus efficace pour réduire les anticorps anti-TPO que les formes du commerce inactives (vitamine D3 cholécalciférol) qui seront transformées par le corps en forme active.
Une durée de traitement plus longue, de plus de 12 semaines (ou ≥ 3 mois), semble être plus efficace pour réduire les anticorps anti-TPO et augmenter les niveaux de FT3 et FT4.
Statut initial en vitamine D :
Certaines études suggèrent que les patients initialement déficients pourraient bénéficier davantage de la supplémentation. Cependant, la supplémentation semble aussi bénéfique même avec un statut normal de vitamine D.
Résultats contradictoires et limites :
Il est aussi crucial de noter que tous les résultats ne sont pas uniformes. Si de nombreuses études montrent une réduction des auto-anticorps, d’autres n’ont pas trouvé de différences significatives pour ces marqueurs, ou pour les hormones T3 et T4.
Vitamine D et thyroïde, une alliée (trop) sous-estimée
Bon si on résume tout ce blabla en quelques lignes (là je pense aux gens qui ne lisent que les intros et les conclusions des articles ^^) : la vitamine D joue les médiatrices dans notre système immunitaire, en calmant les ardeurs des anticorps trop zélés (coucou les anti-TPO) et en contribuant à une meilleure stabilité hormonale (notamment en aidant à réguler la TSH).
Alors oui, on a encore besoin de recherches plus costaudes pour affiner les posologies idéales ou déterminer le meilleur type de vitamine D à privilégier. Mais une chose est claire : on est face à un outil simple, sûr, peu coûteux, et potentiellement très utile pour toute personne souffrant de troubles thyroïdiens auto-immuns.
Bref, si vous êtes concerné(e) par un déséquilibre thyroïdien ou que votre taux de vitamine D est aussi bas que le moral en novembre, parlez-en à votre médecin. Cette fameuse « vitamine du soleil » pourrait bien apporter un petit rayon d’équilibre à votre système immunitaire.
Safe, bon marché et sans effet secondaire. Que demande le peuple ?
Pour rappel: je ne suis ni médecin, ni pharmacien. Un conseil en phytothérapie ne remplace pas un avis médical. Si vous souffrez de problèmes thyroïdiens, il est essentiel de consulter votre médecin pour un diagnostic approprié et un traitement adapté à votre situation particulière.
Vous pouvez télécharger mon PDF gratuit sur les troubles thyroïdiens ici.
Références vitamine D et thyroïde :
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Cet article a 2 commentaires
Merci pour ces articles pédagogues, toujours sourcés, clairs et qui me donnent le sourire avec les blagounettes glissées dedans 🙂
Merci beaucoup Chloé ! 😀