Ail, curcuma et gingembre pour endométriose :
Ces épices du quotidien porteuses d’espoir
Je suis récemment tombée sur une étude brésilienne (datant de 2023) de la Revista Ibero-Americana de Humanidades, Ciências e Educação-REASE (1) que je voulais vous partager au sujet de trois épices que nous utilisons régulièrement en cuisine, et qui ont désormais fait leur preuve dans la gestion de l’inflammation et de la douleur dans l’endométriose : l’ail, le curcuma et le gingembre.
Cet article m’a beaucoup plu car il nous rappelle l’importance de l’alimentation dans la gestion des symptômes de la maladie. Pour ma part, je réduis mes douleurs de 80% lorsque je m’astreins à avoir une alimentation saine et que je réalise un minimum d’exercice physique (ne serait-ce que de la marche en montagne). La perspective de pouvoir colorer mes plats visuellement, et surtout de les améliorer gustativement avec des épices que j’adore, me donne envie de me mettre immédiatement aux fourneaux !
Alors que nous dit cet article et comment pouvons-nous transposer cela dans notre quotidien ? Car c’est bien joli les études en double aveugle contre placebo et les résultats scientifiques théoriques sur papier, mais derrière, que peut-on en faire concrètement ?
L’ail (Alium Sativum) : un alicament utile pour les douleurs
Les chercheurs ont donc isolé des cellules endométriales de femmes atteintes de la maladie et ont pu observer que l’extrait de N-hexane d’ail noir réduisait la prolifération cellulaire et supprimait l’expression de deux molécules d’adhésion cellulaire : ICAM-1(2) et VCAM-1(3) (je vous donne leur petit nom, bien que cela ne m’ait pas beaucoup parlé lorsque j’ai moi-même lu l’article). Concrètement ce qui a attiré mon attention, c’est plutôt le pouvoir de la plante dans la réponse inflammatoire et immunitaire. Ainsi que son effet induisant l’apoptose. C’est-à-dire la mort programmée des cellules. Car oui, chaque jour, nos cellules déclenchent leur autodestruction en réponse à un signal et cela permet le maintien de l’homéostasie tissulaire. Chaque jour des cellules meurent. Chaque jour des cellules naissent. Ici l’étude nous montre que nous pouvons cibler la mort de certaines cellules grâce à l’ail. Sous-entendu : les cellules endométriales de la maladie bien-sûr !
Ils ont donc lancé un essai clinique randomisé, en triple aveugle et contrôlé par placebo d’une durée de 12 semaines. Ils ont étudié l’effet des comprimés, contenant chacun 400 mg de poudre d’ail séché, dans la douleur associée à l’endométriose. La population étudiée était composée de 120 femmes, âgés de 20 à 45 ans, avec un diagnostic confirmé d’endométriose. Les résultats de cette étude ont montré que l’apport quotidien d’ail pouvait réduire considérablement les dysménorrhées, dyspareunies, douleurs pelviennes et lombaires. Pas mal non ?
En sachant qu’une ou deux gousses d’ail à incorporer dans notre quotidien, c’est assez facile si comme moi vous êtes adepte de la ratatouille, de l’aïoli et des plats méditerranéens qui ont bercé mon enfance ! Alors pourquoi se priver de cet alicament étudié depuis la nuit des temps ? Ses propriétés anti-infectieuse, hypoglycémiante, antioxydante, antihypertensive et j’en passe, nous permettent de l’utiliser en légume ou en complément de manière très facile. L’idéal est de consommer de l’ail cru et frais (attention aux personnes fragiles de la sphère intestinale néanmoins). Attention également, la cuisson dégrade les propriétés de la plante, comme c’est souvent le cas. Si le goût vous déplait, vous pouvez également trouver des compléments sous forme de gélule désodorisée et standardisée. N’oubliez pas : un suivi médical pourra être nécessaire si vous êtes diabétique ou sous traitement anticoagulant et antihypertenseur.
Si vous souhaitez approfondir les nombreuses autres propriétés médicinales de l’ail, je vous renvois à un ouvrage de référence dans notre monde de l’herboristerie : « le Lorrain » (4) !
Le Curcuma (Curcuma longa) : anti-inflammatoire par excellence
Je me suis amusée à taper le mot « Curcuma » dans PubMed et j’ai eu 5820 résultats… c’est dire à quel point la plante a été étudiée en long, en large et en travers ! Ses propriétés anti-inflammatoires ont déjà fait le tour du monde. Qu’en est-il de son application dans des cas d’endométriose ? Retour à notre étude :
Les chercheurs nous disent que la curcumine, grâce à ses propriétés anti-inflammatoire et antioxydante, permet d’inhiber la prolifération des cellules endométriales à partir de la réduction de production d’œstradiol. Son action se produit par l’inhibition de la migration de macrophages, facteur de nécrose tumorale (TNF-alpha), COX-2 et IL-6, médiateurs inflammatoires très actifs dans l’endométriose. Ils nous précisent que des études récentes démontrent que la curcumine peut inhiber la sécrétion de chimiokines et cytokines pro-inflammatoires et pro-angiogéniques. La curcumine peut également stimuler la production d’interleukine-10 (IL-10) et d’interleukine-12 (IL-12) qui à leur tour, ont des propriétés anti-inflammatoires.
Bon, concrètement, on a un effet anti-inflammatoire avéré. Point. Quand ça devient trop compliqué et « hors sol », personnellement, je décroche. Je préfère me raccrocher à son usage traditionnel en médecine ayurvédique : les racines sont utilisées dans les pathologies chroniques inflammatoires. Si vous avez déjà voyagé en Inde, le curcuma est partout ! En cuisine (lait d’or et autres plats cuisinés), en teinture pour les vêtements, en médecine ancestrale… et quoi de plus concret qu’un usage millénaire par des peuples locaux ?
Vous pouvez ici encore trouver des gélules de curcuma prêtes à l’emploi. Car la racine fraiche tâche ! Et elle peut manquer de praticité dans nos vies à 1000 à l’heure. Et surtout comment être assurés d’absorber assez de curcumine ? Je vous conseille donc de vous fournir auprès de laboratoires sérieux. L’idéal étant de trouver des extraits de curcuma standardisés en curcuminoïdes + pipérine + corps gras.
Je vous renvoie d’ailleurs à l’article du site d’AltheaProvence (5) afin de vous assurer d’avoir un bon ratio dans vos préparations maison si vous vous lancez en cuisine !
Ici encore, les personnes avec des pathologies intestinales inflammatoires avérées (MICI) ou sous traitement anti-coagulant devront prendre conseil auprès de leur médecin.
Le gingembre (Zingiber officinale) : antispasmodique et décongestionnant utérin
Encore une racine utilisée traditionnellement en médecine ayurvédique pour son action anti-inflammatoire. Ici l’étude a malheureusement porté sur des rats (à quand la fin de l’expérimentation animale ? En sachant que ces tests ne sont ni reproductibles ni transposables sur les humains…) : dans cette expérimentation portant sur l’endométriose induite chez des rates, l’extrait de gingembre a permis de réduire la croissance des foyers d’endométriose et d’observer l’atrophie des lésions. La poudre de gingembre, à des doses comprises entre 750 mg et 2000 mg, s’est également avérée efficace pour réduire la douleur pelvienne. En effet, le gingembre a une action prouvée de décongestion utérine et c’est un puissant antispasmodique.
Comment le consommer ? Alors évidemment en cuisine, de préférence frais ! Vous pouvez aussi faire infuser 1 à 2 g de rhizome sec, ou 5 à 10 g de rhizome frais râpé par jour. Une petite subtilité issue de la Médecine Traditionnelle Chinoise nous dit que le gingembre frais est beaucoup moins « yang » que le gingembre sec. Il convient donc mieux aux personnes qui pourraient facilement « surchauffer » (6).
Si le goût vous rebute, ou que vous n’avez pas le temps de vous faire des infusions, la poudre de plante reste la meilleure option. Au niveau du dosage on peut commencer à 2 g/jour et augmenter jusqu’à 10 g en période de crise. Vous pouvez acheter des racines sèches et les passer au moulin pour faire vous-même votre poudre, l’acheter toute prête en herboristerie, ou acheter des gélules en extrait standardisé en gingérols et shogaols (donc plus concentré en principes actifs). Attention de toujours consulter l’avis d’un médecin si vous avez déjà des traitements en cours (fluidifiants sanguins en particulier) ou des pathologies digestives et hépato-biliaires.
Références :
(1) Santos, R. R. dos, Jesus, I. R. de, & Aquino, E. M. de A. e. (2023). PLANTAS MEDICINAIS USADAS NO TRATAMENTO DE SINTOMAS DA ENDOMETRIOSE. Revista Ibero-Americana De Humanidades, Ciências E Educação, 9(11), 3057–3064. https://doi.org/10.51891/rease.v9i11.12339
(2) ICAM-1 — Wikipédia (wikipedia.org)
(4) LORRAIN Eric (Dr), Grand manuel de phytothérapie, Editions Dunod, 2019, pp105-114.
(5) Curcuma : la règle du 9-5-1 (altheaprovence.com)
(6) VASTEL Anne et CHAGNON Sylvie, Médecine Traditionnelle Chinoise. Plantes médicinales occidentales, Editions Guy Trédaniel, 2023.