Bilan thyroïdien : quelles analyses réaliser ?

Part 1 : Hormones et anticorps

J’ai décidé de proposer cet article sur le bilan thyroïdien car je reçois en séance au cabinet de nombreuses personnes avec des troubles de la thyroïde, ces dernières étant également suivies par leur médecin traitant et/ou endocrinologue.

A la question : « Avez-vous vos derniers bilans sanguins thyroïdiens réalisés avec le médecin ? », la réponse est quasi systématiquement « Oui il m’a prescrit la TSH ! »….

Alors comment dire… Doser uniquement la TSH dans un bilan thyroïdien, cela revient à faire un gâteau avec juste de la farine : il manque les œufs, le beurre, le yaourt, les mirabelles et le sucre vanillé ! Comment voulez-vous avoir une vision d’ensemble, et tous les éléments d’analyse à disposition, en ne dosant que la TSH ?

Voici les éléments qui composent un véritable bilan thyroïdien (sanguin et urinaire). Cet article sera divisé en 2 parties. La première partie traite des hormones et des anticorps. La seconde partie (à venir) traitera des cofacteurs de la thyroïde (Mg, vit D, Fer, zinc etc…).

Alors quel(le)s hormones et anticorps (AC) doser ? (si vous ne dosez pas les AC, vous ne pouvez pas savoir si auto-immunité il y a ou non, c’est très important de le faire régulièrement ! Surtout dans les suivis Basedow et Hashimoto)

TSH libre du bilan thyroïdien

La TSH (Thyroid Stimulating Hormone), aussi appelée hormone thyréotrope ou thyréostimuline, est une hormone produite par l’hypophyse, une petite glande située à la base du cerveau. Son rôle principal est de réguler la production des hormones thyroïdiennes par la glande thyroïde, à savoir la thyroxine (T4) et la triiodothyronine (T3).

Fonction de la TSH

  • Régulation : La TSH stimule la thyroïde pour qu’elle produise et libère T4 et T3, qui sont essentielles pour le métabolisme, la croissance, le développement et la régulation de nombreuses fonctions corporelles.
  • Rétrocontrôle : Il existe un mécanisme de rétrocontrôle (feedback) négatif entre la TSH et les hormones thyroïdiennes. Lorsque les niveaux de T3 et T4 sont élevés, la sécrétion de TSH est réduite pour éviter une surproduction d’hormones thyroïdiennes. Inversement, lorsque T3 et T4 sont bas, la sécrétion de TSH augmente pour stimuler la production de ces hormones.

Pourquoi doser la TSH dans un bilan thyroïdien ?

Le dosage de la TSH est un test clé dans le bilan thyroïdien pour plusieurs raisons :

  1. Détection des troubles thyroïdiens :
    • Hypothyroïdie : Une TSH élevée indique généralement une hypothyroïdie, où la thyroïde ne produit pas assez de T3 et T4. L’hypophyse augmente la TSH pour essayer de stimuler la thyroïde.
    • Hyperthyroïdie : Une TSH basse peut indiquer une hyperthyroïdie, où la thyroïde produit trop de T3 et T4, ce qui réduit la sécrétion de TSH par rétrocontrôle.
  2. Suivi et traitement des pathologies thyroïdiennes :
    • Le dosage de la TSH permet de surveiller l’efficacité des traitements pour les troubles thyroïdiens, comme l’hypothyroïdie (traitée par des hormones thyroïdiennes de substitution) ou l’hyperthyroïdie (traitée par des médicaments antithyroïdiens, l’iode radioactif ou la chirurgie).
  3. Diagnostic précoce :
    • La TSH est souvent plus sensible que les dosages de T3 et T4 pour détecter des anomalies thyroïdiennes subcliniques (légères), avant que des symptômes cliniques ne soient apparents.

Ce que permet d’observer la TSH

  • État de la fonction thyroïdienne : Une TSH anormale est souvent le premier signe d’un dysfonctionnement thyroïdien.
  • Régulation hypothalamo-hypophysaire : Des niveaux de TSH peuvent aussi refléter des anomalies au niveau de l’hypophyse ou de l’hypothalamus, qui régulent la production de TSH.
  • Suivi thérapeutique : Pour les patients sous traitement pour des troubles thyroïdiens, la TSH est un indicateur clé pour ajuster les doses de médicaments.

 

T3 libre du bilan thyroïdien

La T3 (triiodothyronine) est l’une des principales hormones produites par la glande thyroïde, l’autre étant la T4 (thyroxine). Bien que la thyroïde produise principalement de la T4, la T3 est l’hormone active au niveau cellulaire et est responsable de la plupart des effets physiologiques des hormones thyroïdiennes. Environ 20% de la T3 est produite directement par la thyroïde, tandis que le reste est produit par la conversion de la T4 en T3 dans divers tissus du corps.

Fonction de la T3

  • Métabolisme : La T3 joue un rôle crucial dans la régulation du métabolisme, en augmentant la consommation d’oxygène et la production de chaleur dans les cellules.
  • Croissance et développement : Elle est essentielle pour le développement du système nerveux central, surtout pendant l’enfance, ainsi que pour la croissance osseuse et le développement général.
  • Régulation cardiaque : La T3 influence le rythme cardiaque, la contractilité du cœur, et la fonction vasculaire.
  • Impact sur divers systèmes : Elle a des effets sur presque tous les organes et systèmes du corps, y compris le système digestif, le système musculaire, et le système reproducteur.

Pourquoi doser la T3 dans un bilan thyroïdien ?

Le dosage de la T3 est un test complémentaire dans le bilan thyroïdien pour les raisons suivantes :

  1. Diagnostic de l’hyperthyroïdie :
    • Hyperthyroïdie primaire : Dans certains cas d’hyperthyroïdie, en particulier dans les formes appelées hyperthyroïdie à T3 ou toxicose à T3, le taux de T3 est élevé alors que le taux de T4 peut être normal. Cela peut se produire dans certaines affections comme la maladie de Basedow ou les nodules thyroïdiens toxiques.
  2. Évaluation des cas complexes :
    • Dans certains cas, les patients peuvent présenter des symptômes thyroïdiens avec des taux de TSH et de T4 normaux, ce qui rend le dosage de la T3 essentiel pour un diagnostic plus précis.
  3. Suivi des traitements de l’hyperthyroïdie :
    • Pour surveiller les patients traités pour hyperthyroïdie, surtout si les taux de T4 sont normaux mais que la T3 reste élevée.
  4. Détection des désordres de conversion de T4 en T3 :
    • Bien que rare, certains troubles peuvent affecter la conversion de la T4 en T3, ce qui rend nécessaire le dosage de la T3 pour évaluer la situation.

Ce que permet d’observer la T3

  • État de l’activité hormonale thyroïdienne : Un taux de T3 anormalement élevé peut indiquer une hyperthyroïdie, tandis qu’un taux bas peut signaler une hypothyroïdie ou d’autres désordres métaboliques.
  • Évaluation fine des déséquilibres hormonaux : Dans certains cas, la T3 est plus révélatrice que la T4 ou la TSH, en particulier lorsque ces dernières sont normales mais que la T3 est altérée.
  • Adaptation du traitement : Chez les patients sous traitement pour des troubles thyroïdiens, la mesure de la T3 peut aider à ajuster les doses de médicaments, notamment pour éviter un surdosage ou un sous-dosage.

 

T3 reverse

La T3 reverse (rT3 ou triiodothyronine inverse) est une forme inactive de l’hormone thyroïdienne T3. Contrairement à la T3 active, qui régule de nombreuses fonctions métaboliques, la T3 reverse ne possède pas d’activité biologique significative et ne se lie pas efficacement aux récepteurs thyroïdiens dans les cellules.

Fonction de la T3 reverse

  • Conversion de la T4 : La T3 reverse est produite par la conversion de la thyroxine (T4) dans le foie et d’autres tissus. Lorsque la T4 est convertie, elle peut être transformée soit en T3 active, soit en T3 reverse.
  • Régulation du métabolisme : La T3 reverse joue un rôle dans le ralentissement du métabolisme en période de stress, de maladie ou de famine, où il est avantageux pour l’organisme de réduire l’activité métabolique pour conserver l’énergie.

Pourquoi doser la T3 reverse dans un bilan thyroïdien ?

Le dosage de la T3 reverse dans votre bilan thyroïdien peut être utile dans certaines situations spécifiques, bien qu’il ne soit pas un test de routine. Voici les principales raisons de mesurer la T3 reverse :

  1. Diagnostic des troubles de conversion de la T4 :
    • Chez certaines personnes, la conversion de la T4 en T3 active peut être perturbée, conduisant à une augmentation de la production de T3 reverse. Cela peut entraîner des symptômes d’hypothyroïdie malgré des niveaux normaux de TSH et de T4.
  2. Évaluation des syndromes de basse T3 :
    • Dans certaines conditions, comme le syndrome de maladie euthyroïdienne (ou syndrome de T3 basse), le corps convertit plus de T4 en T3 reverse qu’en T3 active, souvent en réponse à des situations de stress, de maladie grave, ou de jeûne prolongé. Ce phénomène est un mécanisme de protection pour réduire le métabolisme dans des conditions critiques.
  3. Analyse des cas complexes d’hypothyroïdie :
    • Chez les patients ayant des symptômes d’hypothyroïdie avec des taux de TSH et de T4 normaux, le dosage de la T3 reverse peut aider à identifier un problème de conversion et à expliquer des symptômes persistants.
  4. Suivi des patients sous traitement thyroïdien :
    • Pour les patients traités pour hypothyroïdie, surtout ceux prenant de la T4 (lévothyroxine), des taux élevés de T3 reverse peuvent suggérer que le corps ne convertit pas correctement la T4 en T3 active, ce qui peut nécessiter une modification du traitement.

Ce que permet d’observer la T3 reverse du bilan thyroïdien

  • État du métabolisme et du stress physiologique : Un taux élevé de T3 reverse peut indiquer que le corps est dans un état de stress physiologique où il diminue l’activité métabolique.
  • Troubles de conversion hormonale : Il peut révéler des problèmes de conversion de T4 en T3 active, ce qui est crucial pour comprendre des symptômes d’hypothyroïdie qui ne sont pas expliqués par d’autres tests.
  • Adaptation des traitements thyroïdiens : Le dosage de la T3 reverse peut aider à ajuster les traitements hormonaux chez les patients qui ne répondent pas bien aux traitements standards.

T4 libre du bilan thyroïdien

La T4 (thyroxine) est l’une des principales hormones produites par la glande thyroïde, l’autre étant la T3 (triiodothyronine). La T4 est produite en plus grande quantité que la T3, mais elle est moins active biologiquement. Environ 80% de la T4 est convertie en T3 dans les tissus périphériques, ce qui en fait un précurseur essentiel de l’hormone thyroïdienne active.

Fonction de la T4

  • Régulation du métabolisme : La T4 contribue à la régulation du métabolisme, de la croissance et du développement en étant convertie en T3, l’hormone biologiquement active.
  • Réserve hormonale : La T4 agit comme une réserve de T3, étant convertie en fonction des besoins de l’organisme. La plupart de la T4 est liée aux protéines plasmatiques dans le sang, tandis qu’une petite fraction circule sous forme libre (T4 libre), ce qui est la forme biologiquement active.
  • Effets sur le corps : La T4 influence presque tous les systèmes corporels, notamment le système cardiovasculaire, digestif, neurologique et musculaire.

Pourquoi doser la T4 dans un bilan thyroïdien ?

Le dosage de la T4 est essentiel dans l’évaluation de la fonction thyroïdienne pour plusieurs raisons :

  1. Évaluation de la fonction thyroïdienne globale :
    • La mesure de la T4 (généralement la T4 libre, ou FT4) permet d’évaluer la quantité d’hormones thyroïdiennes produites par la glande thyroïde. Elle est souvent utilisée en combinaison avec la TSH pour diagnostiquer les troubles thyroïdiens.
  2. Diagnostic de l’hypothyroïdie :
    • Dans l’hypothyroïdie primaire, la T4 libre est généralement abaissée, tandis que la TSH est élevée. Cela reflète une production insuffisante d’hormones thyroïdiennes par la glande thyroïde.
    • Dans l’hypothyroïdie secondaire ou tertiaire (causée par une dysfonction de l’hypophyse ou de l’hypothalamus), la T4 peut être basse ou normale avec une TSH basse ou normale.
  3. Diagnostic de l’hyperthyroïdie :
    • Dans l’hyperthyroïdie, la T4 libre est souvent élevée, reflétant une production excessive d’hormones thyroïdiennes. Cela est souvent accompagné d’une TSH basse, car l’hypophyse tente de réduire la stimulation de la thyroïde.
  4. Suivi du traitement :
    • Chez les patients sous traitement pour l’hypothyroïdie (par exemple, avec la lévothyroxine), le dosage de la T4 libre aide à évaluer l’efficacité du traitement et à ajuster les doses.
    • De même, dans le cas du traitement de l’hyperthyroïdie, le dosage de la T4 permet de surveiller la réponse au traitement.
  5. Investigation des anomalies de la TSH :
    • Si la TSH est anormale mais que les symptômes ne correspondent pas, la mesure de la T4 libre peut aider à clarifier la situation. Par exemple, une TSH élevée avec une T4 normale peut indiquer une hypothyroïdie subclinique.

Ce que permet d’observer la T4

  • État de la fonction thyroïdienne : La T4 permet de comprendre si la thyroïde fonctionne correctement. Des niveaux anormaux de T4 peuvent indiquer une hypo- ou une hyperthyroïdie, même en présence de symptômes légers ou absents.
  • Évaluation du métabolisme thyroïdien : En combinaison avec la TSH et éventuellement la T3, la T4 aide à évaluer l’activité métabolique globale liée à la thyroïde.

Ajustement du traitement : La mesure de la T4 dans le bilan thyroïdien est cruciale pour ajuster le traitement des troubles thyroïdiens, en particulier pour s’assurer que les patients atteignent un équilibre hormonal optimal sans sur- ou sous-traitement.

Interprétation du bilan thyroïdien

Les AC antithyroperoxydase

Les anticorps antithyroperoxydase (AC anti-TPO) sont des auto-anticorps dirigés contre la thyroperoxydase (TPO), une enzyme clé de la glande thyroïde. La TPO est impliquée dans la production des hormones thyroïdiennes (T4 et T3) en catalysant l’iodation des résidus de tyrosine dans la thyroglobuline, une étape essentielle de la synthèse des hormones thyroïdiennes.

Pourquoi doser les AC anti-TPO dans un bilan thyroïdien ?

Le dosage des anticorps anti-TPO est essentiel dans le cadre d’un bilan thyroïdien, en particulier lorsqu’il existe des soupçons de maladie thyroïdienne auto-immune. Voici pourquoi :

  1. Diagnostic des maladies thyroïdiennes auto-immunes :
    • Les AC anti-TPO sont fortement associés aux maladies thyroïdiennes auto-immunes, telles que la thyroïdite de Hashimoto (hypothyroïdie) et la maladie de Basedow (hyperthyroïdie).
    • Dans la thyroïdite de Hashimoto, les anticorps anti-TPO sont présents chez environ 90% des patients, et ils peuvent provoquer une inflammation de la thyroïde, entraînant une destruction progressive de la glande et une hypothyroïdie.
    • Dans la maladie de Basedow, les AC anti-TPO peuvent également être présents, bien que d’autres anticorps (comme les AC anti-récepteur de la TSH) soient plus spécifiques.
  2. Évaluation du risque de développement d’une hypothyroïdie :
    • Un taux élevé d’anticorps anti-TPO chez une personne sans hypothyroïdie manifeste peut indiquer un risque accru de développer cette condition à l’avenir. Les personnes avec des anticorps anti-TPO élevés sont surveillées de près pour détecter une éventuelle hypothyroïdie.
    • Ces anticorps sont souvent dosés chez les femmes enceintes ou celles qui souhaitent concevoir, car un taux élevé peut indiquer un risque accru de dysfonctionnement thyroïdien post-partum.
  3. Confirmation du diagnostic :
    • Si une hypothyroïdie ou une hyperthyroïdie est suspectée, la présence d’anticorps anti-TPO peut confirmer le diagnostic d’une origine auto-immune, ce qui oriente la prise en charge et le suivi du patient.
  4. Surveillance de la progression de la maladie :
    • Bien que les niveaux d’anticorps anti-TPO ne soient pas directement corrélés à la sévérité de la maladie, leur présence persistante peut indiquer une activité continue de la maladie auto-immune. Cela peut être utile pour évaluer la réponse au traitement dans certaines situations.

Ce que permettent d’observer les AC anti-TPO

  1. Présence d’une maladie auto-immune thyroïdienne :
    • Un taux élevé d’anticorps anti-TPO est un marqueur fort d’une maladie auto-immune de la thyroïde. Cela aide à distinguer les hypothyroïdies et hyperthyroïdies d’origine auto-immune des autres causes (comme les carences en iode ou les nodules thyroïdiens non auto-immuns).
  2. Risque de développer une hypothyroïdie :
    • Chez les personnes euthyroïdiennes (avec une fonction thyroïdienne normale), la présence d’AC anti-TPO peut indiquer un risque accru de développer une hypothyroïdie future, particulièrement important à surveiller en cas de grossesse ou de planification de grossesse.
  3. Prédiction des complications thyroïdiennes pendant la grossesse :
    • Les femmes enceintes présentant des anticorps anti-TPO ont un risque plus élevé de développer des troubles thyroïdiens post-partum, comme la thyroïdite post-partum, qui peut se manifester par une hyperthyroïdie suivie d’une hypothyroïdie.
  4. Orientation thérapeutique :
    • La détection d’une origine auto-immune de la thyroïdopathie peut orienter les décisions thérapeutiques, notamment en ce qui concerne le suivi à long terme, le besoin éventuel de traiter l’inflammation thyroïdienne, et les considérations spéciales en cas de planification de grossesse ou de grossesse en cours.

 

Les AC anti-récepteurs de la THS

Les anticorps anti-récepteurs de la TSH (AC anti-TSH), aussi appelés anticorps antirécepteurs de la thyrotropine ou TRAb (Thyroid Stimulating Hormone Receptor Antibodies), sont des auto-anticorps qui se lient aux récepteurs de la TSH (thyrotropine) situés à la surface des cellules thyroïdiennes. Ces anticorps jouent un rôle clé dans les maladies thyroïdiennes auto-immunes, notamment dans la maladie de Basedow.

Rôle des AC anti-récepteurs de la TSH

Les AC anti-TSH peuvent avoir deux effets principaux sur le récepteur de la TSH :

  • Stimulateurs : Dans la majorité des cas, les AC anti-TSH agissent comme des agonistes, se liant aux récepteurs de la TSH et les activant de manière excessive. Cela conduit à une surproduction d’hormones thyroïdiennes (T3 et T4), provoquant une hyperthyroïdie. Ces anticorps sont principalement associés à la maladie de Basedow.
  • Inhibiteurs : Moins fréquemment, les AC anti-TSH peuvent agir comme des antagonistes, inhibant l’action de la TSH et conduisant à une hypothyroïdie. Cela se produit surtout dans des formes atypiques de maladies thyroïdiennes auto-immunes.

Pourquoi doser les AC anti-TSH dans un bilan thyroïdien ?

  1. Diagnostic de la maladie de Basedow (Graves’ Disease) :
    • La présence d’AC anti-TSH stimule les récepteurs de la TSH et entraîne une hyperthyroïdie. Le dosage de ces anticorps est donc essentiel pour diagnostiquer la maladie de Basedow, qui est la cause la plus fréquente d’hyperthyroïdie.
    • Dans la maladie de Basedow, les AC anti-TSH sont détectés chez plus de 90% des patients. Leur présence confirme l’origine auto-immune de l’hyperthyroïdie.
  2. Évaluation du risque d’ophtalmopathie de Basedow :
    • L’ophtalmopathie de Basedow, une affection auto-immune où les anticorps attaquent les tissus autour des yeux, est étroitement associée aux AC anti-TSH. Les patients ayant un taux élevé d’AC anti-TSH ont un risque accru de développer cette complication.
  3. Suivi du traitement de l’hyperthyroïdie :
    • Le dosage des AC anti-TSH est utilisé pour surveiller l’efficacité du traitement dans la maladie de Basedow. Une diminution des niveaux d’anticorps après traitement (médicamenteux, iode radioactif ou chirurgie) est généralement un bon signe indiquant une rémission.
    • Des taux élevés persistants d’AC anti-TSH après traitement suggèrent un risque accru de rechute.
  4. Prédiction du résultat post-traitement :
    • Le niveau des AC anti-TSH avant et après le traitement peut aider à prédire la probabilité de rémission ou de rechute de la maladie de Basedow. Un taux d’anticorps qui reste élevé ou augmente après l’arrêt du traitement antithyroïdien est un indicateur de rechute probable.
  5. Évaluation de l’hyperthyroïdie pendant la grossesse :
    • Chez les femmes enceintes atteintes de la maladie de Basedow, les AC anti-TSH peuvent traverser le placenta et affecter la thyroïde du fœtus, entraînant une hyperthyroïdie néonatale. Le dosage de ces anticorps est donc crucial pour évaluer le risque pour le fœtus et décider de la gestion pendant la grossesse.

Ce que permettent d’observer les AC anti-TSH

  1. Confirmation du diagnostic de la maladie de Basedow :
    • La détection des AC anti-TSH est la marque biologique spécifique de la maladie de Basedow. Leur présence confirme l’origine auto-immune de l’hyperthyroïdie.
  2. Prédiction des risques de rechute :
    • La persistance ou l’augmentation des AC anti-TSH après traitement est un indicateur de risque de rechute de l’hyperthyroïdie. Cela aide à déterminer la nécessité d’une surveillance continue ou d’un traitement prolongé.
  3. Gestion des complications de la grossesse :
    • Le dosage des AC anti-TSH chez les femmes enceintes permet de surveiller le risque d’hyperthyroïdie néonatale et de planifier les soins appropriés pour le fœtus et le nouveau-né.
  4. Evaluation des symptômes cliniques :
    • Le niveau des AC anti-TSH peut être corrélé à la gravité des symptômes, comme l’ophtalmopathie, ce qui aide à adapter la stratégie thérapeutique.

 

Les AC anti-thyroglobuline

Les anticorps anti-thyroglobuline (AC anti-Tg) sont des auto-anticorps dirigés contre la thyroglobuline (Tg), une protéine produite par la glande thyroïde qui joue un rôle crucial dans la synthèse des hormones thyroïdiennes, T3 et T4. La thyroglobuline sert de matrice pour la production de ces hormones et est stockée dans les follicules thyroïdiens.

Pourquoi doser les AC anti-thyroglobuline dans un bilan thyroïdien ?

Le dosage des anticorps anti-thyroglobuline est important pour plusieurs raisons dans le cadre d’un bilan thyroïdien, en particulier pour évaluer les maladies thyroïdiennes auto-immunes et suivre certains types de cancers thyroïdiens.

  1. Diagnostic des maladies thyroïdiennes auto-immunes :
    • Les AC anti-Tg sont souvent présents dans les maladies thyroïdiennes auto-immunes telles que la thyroïdite de Hashimoto et la maladie de Basedow.
    • Dans la thyroïdite de Hashimoto, les AC anti-Tg sont retrouvés chez 50 à 70 % des patients. Leur présence peut contribuer à la destruction progressive de la glande thyroïde, conduisant à une hypothyroïdie.
    • Dans la maladie de Basedow, bien que les AC anti-TSH soient plus spécifiques, les AC anti-Tg peuvent également être présents.
  2. Suivi du cancer de la thyroïde :
    • La thyroglobuline est utilisée comme marqueur tumoral chez les patients traités pour un cancer de la thyroïde différencié (notamment le cancer papillaire et folliculaire). Après une thyroïdectomie totale et/ou un traitement à l’iode radioactif, la thyroglobuline dans le sang devrait être indétectable ou très faible.
    • La présence d’AC anti-Tg peut interférer avec le dosage de la thyroglobuline et fausser les résultats. C’est pourquoi le dosage des AC anti-Tg est essentiel chez ces patients pour interpréter correctement les niveaux de thyroglobuline. Des niveaux élevés d’AC anti-Tg peuvent masquer la présence de thyroglobuline, un marqueur de récidive tumorale.
  3. Évaluation des risques et surveillance :
    • La présence d’AC anti-Tg dans le bilan thyroïdien peut indiquer une maladie thyroïdienne auto-immune en cours. Chez les patients présentant une hypothyroïdie subclinique (TSH élevée mais T4 normale), la présence de ces anticorps peut suggérer un risque accru de développer une hypothyroïdie manifeste.
    • Dans certaines situations, comme chez les femmes enceintes ou les personnes atteintes de maladies auto-immunes multiples, le dosage des AC anti-Tg peut aider à évaluer le risque de dysfonctionnement thyroïdien.

Ce que permettent d’observer les AC anti-thyroglobuline

  1. Confirmation d’une maladie thyroïdienne auto-immune :
    • Les AC anti-Tg, en combinaison avec d’autres marqueurs (comme les AC anti-TPO), aident à confirmer le diagnostic de maladies thyroïdiennes auto-immunes. Leur présence indique que le système immunitaire attaque la thyroïde.
  2. Suivi du cancer de la thyroïde :
    • Chez les patients traités pour un cancer de la thyroïde, le dosage des AC anti-Tg est crucial pour interpréter correctement les niveaux de thyroglobuline, qui est un marqueur de récidive. Si les anticorps sont élevés, ils peuvent masquer une récidive, et leur surveillance aide à affiner le suivi post-thérapeutique.
  3. Évaluation du risque de progression vers une hypothyroïdie :
    • La présence d’AC anti-Tg, particulièrement chez les patients avec une hypothyroïdie subclinique ou des antécédents familiaux de maladie thyroïdienne, peut indiquer un risque accru de progression vers une hypothyroïdie manifeste.
  4. Impact sur la fertilité et la grossesse :
    • Chez les femmes présentant des AC anti-Tg, en particulier celles qui ont des antécédents de fausses couches ou des difficultés à concevoir, la surveillance des anticorps peut être importante. Une activité auto-immune thyroïdienne peut être associée à des complications pendant la grossesse, comme l’hypothyroïdie ou la thyroïdite post-partum.

Pour rappel : je ne suis ni médecin, ni pharmacien. Un conseil en phytothérapie ne remplace pas un avis médical. Ces informations sur le bilan thyroïdien sont données à titre informatif. J’espère que cela vous permettra, tout comme moi, de mieux comprendre vos problèmes thyroïdiens et d’être mieux accompagné par le corps médical.

Pour lire plus d’articles sur l’herboristerie, la naturopathie et la santé holistique, merci de vous rendre ici.

anticorps

Références bilan thyroïdien

– BRUN Christian, Les analyses biologiques en naturopathie & notions d’immunologie. Sang, lymphe, sérum, urine, flore intestinale, coproculture. Mode d’emploi à l’usage de tous pour comprendre et agir, Editions Amyris, 2021. 

docteurclaeysbenoit.be

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