Corydale de Chine (Corydalis yanhusuo)

Antalgique puissant contre les douleurs menstruelles

La douleur. Finit-on par l’apprivoiser au fil des ans ? Je ne crois pas. Quand elle survient, on se répète le mantra: « Ca va passer, c’est provisoire, concentre-toi sur ta respiration, mets-toi une bouillotte chaude sur le ventre, dans quelques heures c’est terminé… ». Accepter la douleur, c’est en partie l’adoucir.

Mais malgré tout, elle reste là, tapie, imprévisible. Chaque cycle est un nouveau combat, comme si le corps testait encore ses limites. La chaleur soulage un instant, mais la douleur revient, sournoise, s’étalant parfois dans le bas du dos, irradiant jusque dans les jambes. On se plie en deux, on attend, et les heures s’étirent. Pourtant, dans cette vulnérabilité, il y a aussi une certaine force. On apprend à l’écouter, à comprendre les signes avant-coureurs, à adapter son quotidien pour l’accueillir sans résister.

C’est une forme de résilience, une danse fragile entre la résistance et la reddition. Car au fond, on sait que, malgré l’intensité, cette douleur fait partie de nous, d’un cycle plus vaste, celui de la vie.

Alors on cherche des solutions. On explore, on tâtonne. Les méthodes naturelles, les plantes, les pratiques alternatives deviennent nos alliées dans cette quête. Le gattilier, l’achillée, le gingembre, les infusions de framboisier ou encore l’acupuncture offrent des lueurs d’espoir. On teste, on ajuste, parfois ça fonctionne, parfois c’est une déception de plus. La douleur reste un terrain mouvant, unique pour chacune, évoluant d’un mois à l’autre.

Il y a aussi la voie des hormones, celles qu’on choisit d’accepter ou de refuser, selon ce que l’on est prête à sacrifier pour soulager ces crampes incessantes. Et entre ces essais, ces ajustements constants, on apprend à se réapproprier son corps. À comprendre que la gestion de la douleur ne se limite pas à la combattre, mais à vivre avec elle, sans la laisser définir qui l’on est.

C’est ainsi que, sur les conseils d’un ami herbaliste, j’ai découvert la Corydale (Corydalis yanhusuo). Il m’avait avertie : « Ce n’est pas une plante subtile, mais elle a le mérite d’être efficace contre la douleur ». Parfait, je n’attends que ça ! Curieuse de nature, je teste tout ce qui pourrait apaiser mes souffrances. J’ai donc pris la Corydale deux fois ces derniers mois, lors de crises particulièrement intenses. J’utilise des gélules de 500 mg de poudre, commandées chez Sinolux (oui, parce que la pharmacopée chinoise ne se trouve pas au coin de la rue : Sinolux, les produits MTC de qualité – Sinolux, les produits MTC de qualité – Steinfort LUXEMBOURG).

Ma première expérience fut assez bluffante : fin de journée, douleurs habituelles, je prends quatre gélules d’un coup, soit 2 g. Trente minutes plus tard, plus aucune douleur. Un effet presque équivalent à l’Antadys, pour celles qui connaissent. Le second essai, en revanche, s’est avéré plus… épique (je précise que ces deux prises n’ont pas eu lieu sur le même cycle menstruel). Cette fois, après une nuit quasi blanche à lutter contre la douleur, je décide au réveil, à jeun, de prendre à nouveau quatre gélules. Mauvaise idée ! Trente minutes plus tard, je vomissais tout, et le goût de la plante… une horreur. Donc, premier conseil : ne jamais prendre la Corydale à jeun !

Pour celles qui, comme moi, sont sensibles aux nausées avec certains produits comme l’Endomenat de Copmed (ENDOMENAT® Formule exclusive – Complément alimentaire naturel (copmed.fr)), faites preuve de prudence et pensez à fractionner les prises tout en mangeant, comme le recommandent d’ailleurs les laboratoires.

Malgré cette mésaventure, je vous présente quand même cette plante antalgique incroyable, mais en abordant bien sûr les précautions d’usage. La phytothérapie, ce n’est pas du freestyle !

Corydalis yanhusuo

La Corydale de Chine (Corydalis yanhusuo)

La Corydale de Chine (Corydalis yanhusuo), également appelée Yan hu suo en chinois, est une plante herbacée originaire d’Asie, particulièrement répandue en Chine et au Japon. Elle appartient à la famille des Papavéracées et est principalement cultivée pour son rhizome, qui constitue la partie utilisée en phytothérapie car elle contient beaucoup d’alcaloïdes. Depuis des siècles, la médecine traditionnelle chinoise (MTC) utilise le rhizome de la Corydale de Chine pour soulager divers troubles, notamment les douleurs abdominales et menstruelles. Cette plante est réputée pour ses propriétés antalgiques, sédatives et anti-inflammatoires.

Propriétés pharmacologiques et principes actifs

La Corydalis yanhusuo est riche en alcaloïdes, dont les plus importants sont la tétrahydropalmatine (THP), la déhydrocorydaline et la corydaline. Ces composés bioactifs sont responsables des effets thérapeutiques de la plante. En particulier, la tétrahydropalmatine a démontré des propriétés analgésiques en agissant sur les récepteurs dopaminergiques et opioïdes du système nerveux central, ce qui explique son efficacité dans la gestion de la douleur (1) (2).

Des études ont également mis en avant les effets anti-inflammatoires de ces alcaloïdes, suggérant que la Corydalis yanhusuo pourrait être bénéfique dans le traitement des douleurs chroniques, telles que les douleurs articulaires et les maux de tête. En outre, les propriétés anxiolytiques et sédatives de la plante en font un remède efficace contre le stress et les troubles du sommeil (3).

Utilisation traditionnelle de corydalis yanhusuo en Médecine Chinoise

Dans la MTC, la Corydalis yanhusuo est principalement utilisée pour « revigorer le Sang et dissoudre la Stase ». Selon cette tradition, le Sang est une énergie vitale qui, lorsqu’elle est bloquée ou stagnante, peut causer des douleurs et des inconforts. La Corydale est particulièrement recommandée pour les femmes souffrant de dysménorrhées (règles douloureuses), de par ses propriétés antispasmodiques qui aident à soulager les crampes menstruelles et à réguler le flux sanguin. Donc vous l’aurez compris : c’est l’alliée de la congestion pelvienne ! 

Elle est souvent prescrite sous forme de décoctions (dans la tradition mais le goût doit faire fuir pas mal de monde !), de poudres ou de comprimés, de vinaigre (4), seule ou en association avec d’autres plantes comme l’Angelica dahuricae (5) (6), pour renforcer son action. La plante pourrait également être utilisée en teinture, si vous arrivez à trouver un laboratoire/producteur pour vous fournir. Sinon il faut la préparer maison, à partir du rhizome ou de la poudre.

Efficacité clinique et études récentes

Plusieurs études cliniques ont confirmé l’efficacité de la Corydale dans le soulagement des douleurs chroniques sans effets secondaires majeurs. Entre autres, une étude clé menée par Olivier Civelli à l’Université de Californie, Irvine, qui a examiné un composé appelé déhydrocorybulbine (DHCB), extrait de cette plante. Les recherches ont montré que la DHCB réduisait de manière significative divers types de douleur, notamment la douleur chronique, inflammatoire et neuropathique, chez les modèles animaux, sans entraîner d’accoutumance, un problème courant avec les opioïdes. Ce composé agit principalement sur les récepteurs de la dopamine, offrant ainsi un mécanisme différent des analgésiques traditionnels (7).

Une autre étude publiée dans Current Biology, souligne le potentiel analgésique de la Corydalis yanhusuo et montre que l’extrait peut réduire les scores de douleur chez les patients souffrant de douleurs chroniques, offrant une alternative non addictive aux traitements actuels (8).

Un article publié dans Molecules (2021) explique que l’extrait de Corydale contient plus de 80 alcaloïdes actifs, qui sont responsables de ses propriétés analgésiques. Cette revue aborde en détail les mécanismes d’action de ces composés, qui montrent des effets contre la douleur sans provoquer d’effets secondaires majeurs comme les opioïdes classiques (9).

Une étude publiée dans PLOS ONE (2016) a montré que l’extrait de rhizome de Corydalis yanhusuo a des effets antinociceptifs, c’est-à-dire qu’il inhibe la perception de la douleur. Les expériences menées sur des modèles animaux (pauvres bêtes !) ont démontré l’efficacité de cet extrait contre différents types de douleurs, y compris neuropathiques et inflammatoires (10).

Corydalis yanhusuo : précautions d’emploi et contre-indications

J’ai vomi à ma deuxième prise : un signe clair de surdosage, d’autant plus que j’étais à jeun. Alors, est-ce que cela va me décourager d’utiliser la Corydale ? Non, parce que je sais que chaque corps réagit différemment, et trouver le bon dosage est essentiel dans toute approche phytothérapeutique. Mais cette expérience m’a rappelé une leçon importante : les plantes, aussi puissantes soient-elles, ne sont pas des remèdes anodins. Ce n’est pas un appel à expérimenter de façon imprudente, mais plutôt une invitation à l’écoute de soi, à l’ajustement graduel et à la prudence. Je vais continuer mes tests, en respectant les principes de modération et en consultant des sources fiables pour affiner ma pratique.

Cela dit, il est crucial de rappeler que la Corydale peut provoquer des effets indésirables comme des vertiges ou des nausées en cas de mauvaise utilisation. Un accompagnement médical reste essentiel, surtout si l’on prend d’autres traitements. Pour moi, il s’agit d’une démarche consciente, où la recherche du bon équilibre demande à la fois patience et respect des réactions de mon corps.

Contre-indications de la plante : grossesse, allaitement ou prise de médicaments susceptibles d’interagir avec ses principes actifs. En raison de ses effets sédatifs, la prudence est recommandée chez les personnes conduisant des véhicules ou opérant des machines. Des cas rares de nausées ou de vertiges ont été rapportés, généralement en cas de surdosage.

Pour rappel : je ne suis ni médecin, ni pharmacien. Un conseil en phytothérapie ne remplace pas un avis médical. Ces informations sont données à titre informatif.

Pour lire plus d’articles sur l’herboristerie, la naturopathie et la santé holistique, merci de vous rendre ici.

Gélules de corydalis yanhusuo

Références

  • Henkes H, Franz M, Kendall O, Monroe J, Legaspi A, LeDoux J, Haese C, Williams D, McCall S, Johnson AD, Ceremuga TE. Evaluation of the anxiolytic properties of tetrahydropalmatine, a Corydalis yanhusuo compound, in the male Sprague-Dawley rat. AANA J. 2011 Aug;79(4 Suppl):S75-80. PMID: 22403971.
  • Tian B, Tian M, Huang SM. Advances in phytochemical and modern pharmacological research of Rhizoma Corydalis. Pharm Biol. 2020 Dec;58(1):265-275. doi: 10.1080/13880209.2020.1741651. PMID: 32223481; PMCID: PMC7170387.
  • Corydalis – an overview | ScienceDirect Topics
  • Wu L, Yang Y, Mao Z, Wu J, Ren D, Zhu B, Qin L. Processing and Compatibility of Corydalis yanhusuo: Phytochemistry, Pharmacology, Pharmacokinetics, and Safety. Evid Based Complement Alternat Med. 2021 Dec 30;2021:1271953. doi: 10.1155/2021/1271953. PMID: 35003289; PMCID: PMC8739176.
  • Yuan CS, Mehendale SR, Wang CZ, Aung HH, Jiang T, Guan X, Shoyama Y. Effects of Corydalis yanhusuo and Angelicae dahuricae on cold pressor-induced pain in humans: a controlled trial. J Clin Pharmacol. 2004 Nov;44(11):1323-7. doi: 10.1177/0091270004267809. PMID: 15496650.
  • Liao ZG, Liang XL, Zhu JY, Zhao GW, Yang M, Wang GF, Jiang QY, Chen XL. Correlation between synergistic action of Radix Angelica dahurica extracts on analgesic effects of Corydalis alkaloid and plasma concentration of dl-THP. J Ethnopharmacol. 2010 May 4;129(1):115-20. doi: 10.1016/j.jep.2010.03.005. Epub 2010 Mar 20. PMID: 20307640.
  • University of California, Irvine. « Corydalis yanhusuo extract for use as an adjunct medicine for low to moderate chronic pain. » ScienceDaily, 14 September 2016. <www.sciencedaily.com/releases/2016/09/160914134851.htm>.
  • Chinese Herbal Compound Effective in Reducing Chronic Pain, Study (universityherald.com)
  • Alhassen, L.; Dabbous, T.; Ha, A.; Dang, L.H.L.; Civelli, O. The Analgesic Properties of Corydalis yanhusuoMolecules2021, 26, 7498. https://doi.org/10.3390/molecules26247498
  • Wang L, Zhang Y, Wang Z, Gong N, Kweon TD, Vo B, et al. (2016) The Antinociceptive Properties of the Corydalis yanhusuo PLoS ONE 11(9): e0162875. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0162875